Les maladies et infirmités

Le tableau des maladies et infirmités qui ressort des registres du recrutement se révèle instructif sur l'état physique de la population.

On peut en relever quelques éléments frappants.

On observe une forte concentration de perte des dents dans le Nord de la Normandie, la Picardie et une partie de l'île de France. C'est un trouble du mécanisme calcique, peut-être lié à l'avitaminose D, manque de fluor dans les eaux potables, consommation de cidre en Normandie.

Les maladies de poitrine se retrouvent à travers tout le pays, nettement moins dans les départements atlantiques. Le climat y semble un facteur de prévention des troubles pulmonaires. Ailleurs, il est probable que c'est aux conditions de vie, à la misère et à la sous-alimentation qu'il faut rapporter les hauts pourcentages de jeunes gens frappés par cette affection.

Le goitre, qui est une hypertrophie de la glande thyroïde par insuffisance fonctionnelle ou par hyperactivité, constitue une affection majeure. La scission est évidente entre les pays maritimes et montagneux. Aucun des départements littoraux ne figurent parmi les taux maxima qui jalonnent en revanceh les régions montagneuses : Pyrénées, Alpes, massif central, Vosges. On sait que l'iode, constituant de l'hormone thyroïdienne, est indispensable à l'organisme. Son absence se traduit par un goitre.

On le voit, l'alimentation, parfois insuffisante et toujours déséquilibrée, constituait la première cause des affections chroniques qui frappaient la population française.

Il faudrait ajouter à ces trois grandes affections une série d'autres. Divers handicaps, malformations ou infirmités, comme la claudication, surdi-mutité, "autres difformités", maladies des os, myopie et "autres maladies des yeux", maladies de la peau (teigne, gale, parfois lèpre), hernie... Les "scrofuleux", comme les nomment les registres militaires, méritent une mention particulière à cause de la spécialité thérapeutique traditionnelle des rois de France qui, en certaines occasions solennelles, étaient censés "guérir les écrouelles", adénite cervicale chronique d'origine tuberculeuse due, comme la tubercolose pulmonaire, au bacille de Koch. Louis XIV, lors de son couronnement, toucha ainsi plus de 2000 scrofuleux.

On a du mal à admettre qu'à la campagne l'alimentation n'était pas meilleure qu'en ville, pourtant c'est un fait. Plus de 10 % des jeunes gens sont exemptés pour leur seule "faiblesse de constitution".

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