La bataille de Verdun

Au début de l'année 1916 le général allemand Falkenhayn croit la France à genoux. Il a préparé un plan pour détruire l'armée française au plus vite afin de se retourner contre les Anglais. Le secteur de Verdun est choisi car il forme un saillant dans la ligne de défense allemande. En outre, les Français ont enlevé des canons de cette place-forte impressionnante sur le papier, et les garnisons sont dispersées sur d'autres fronts : le fort de Douaumont n'est tenu que par une poignée d'hommes. Enfin, malgré les avertissements anglais, l'état-major français, confiant, n'imagine pas une attaque dans cette zone.

En réalité, 170 divisions allemandes sont massées sur un front de 15 km. Le 21 février, plus de 1000 pièces d'artillerie ouvrent le feu. Deux millions d'obus sont tirés en deux jours : l'"enfer de Verdun" commence. Les Allemands s'attendent à ne rencontrer aucune résistance. Tout est écrasé, pulvérisé. Mais ils tombent sur des groupes de soldats isolés, sans commandement, qui résistent avec l'énergie du désespoir. Cela tient du prodige.

La ténacité et le courage dont font preuve les poilus dans ce paysage lunaire construisent la légende de Verdun. Un seul mot d'ordre : "ils ne passeront pas". Joffre, qui pense que "tout ne va pas si mal", nomme Pétain commandant de la défense de Verdun, à la tête de la 2ème armée. Ce dernier instaure un roulement qui permet aux divisions d'être relevées avant de subir trop de pertes, d'aller se reposer vers Bar-le-Duc, puis de remonter en ligne dans un autre secteur. Pour cela, comme pour le ravitaillement, le rapatriement des blessés et des réfugiés, il n'existe qu'une seule route, la "voie sacrée", bientôt empruntée chaque semaine par 90 000 hommes et 50 000 tonnes de matériel. Falkenhayn, surpris par cette résistance, décide de "saigner l'amée française" ; c'est l'application par l'absurde de la guerre d'usure. Ainsi, de février à avril 1916, les effectifs français passent environ de 230 000 à 584 000 hommes, l'artillerie à 1770 pièces dont 570 lourdes. Mais les allemands engloutissent autant de soldats et comptent 2200 pièces (1770 lourdes). Ils obtiennent quelques succès avec la prise de Douaumont le 27 février, celle du fort de Vaux le 7 juin. C'est un échec : ils ne passent pas. Les français sont soulagés en juillet par l'attaque anglaise sur la Somme et, en octobre, le général Nivelle, qui remplace Pétain, lance la contre-offensive. Douaumont est repris le 21 octobre.

C'est fini. Verdun est davantage une défaite allemande qu'une victoire française, mais son impact moral est retentissant.Que de morts pour des résultats insignifiants! Les pertes sont effroyables : entre 300 000 et 400 000 morts et jusqu'à 800 000 blessés à peu près également répartis entre les deux camps. les chiffres restent imprécis, certaines sources étant encore inaccessibles ou incertaines. Autre conséquence : les conditions atroces de cette bataille de tranchées, les bombardements sans précédent et le rôle de l'aviation ont changé radicalement le visage de la guerre, qui devient alors pleinement industrielle.

Source : Pierre CHAVOT et Jean-Denis MORENNE "L'ABCdaire de la Première Guerre mondiale" Flammarion 2001

Retour