1803 le 20 Prairial an 11

D'abord je vous salue, mes chers père et mère. J'espère que cette lettre vous trouvera en bonne santé comme moi.

Je vous informe que j'ai bien reçu la dernière lettre datée du 15 août de l'année dernière et j'ai bien compris que vous vouliez savoir ce qu'il en est de la religion.

La religion va très mal. Quelques uns vont dans les églises, mais la plupart non, et chacun peut faire comme bon lui semble.

Il y a des prêtres qui ont prêté serment à la Nation, les prêtres d'ici ont annoncé que selon le pape, aujourd'hui n'était pas un jour de fête. Mais je n'y crois pas. Nous avons peu de jours fériés sauf le dimanche.

Je ne peux pas écrire grand chose de neuf si ce n'est comme on dit, que nous sommes de nouveau en guerre contre les anglais, mais on ne les a pas encore vus en rade.

Il y a encore une chose que je voudrais. Voulez-vous avoir la gentillesse de m'envoyer mes papiers car je vous informe que je veux me marier sur cette île. En effet les lois de ce pays sont ainsi : tout étranger qui veut s'installer ici dans le pays doit avoir ses papiers signés par le tribunal de son lieu d'origine, prouvant qu'il n'est pas déjà marié dans son pays. J'ai mon certificat de baptême, mais il me manque les autres documents. Envoyez les moi dès que possible, vous me feriez grand plaisir.

Il y a encore une chose que je veux écrire : j'ai acheté à Märsell (Marseille ?) en provence, du bois de cèdre au capitaine d'un bateau "dirgide" qui est parti de "Gobe", à 14 heures de Jérusalem, et qui transportait sur son bateau toutes sortes de bois, et du vin d'Engadine et de Chypre. Je me suis fait une malle avec ce bois parce qu'à ce moment là, je pensais l'utiliser pour voyager jusqu'à la maison. Mais ce n'était pas facile à cause de la guerre. Alors comme je n'ai plus besoin de cette malle, je vais la découper pour en faire une plus petite, la remplir de toutes ces sortes de coquillages qu'on trouve ici à la mer, et l'envoyer à la maison comme objet de curiosité, ainsi qu'une montre de gousset, une belle, neuve et de bonne qualité qui coûte ici 24 "gulden" ou 54 livres françaises.

fait le 9 juin 1803 Michael Wagner

 

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