Le mépris des gens du peuple

Les descriptions des individus "du commun" (nos ancêtres, donc !) qui nous sont parvenues nous viennent d'écrivains, d'hommes de lettres, pour lesquels les "gens du peuple", paysans pour la plupart, ne valent guère plus que des animaux. Il suffit pour s'en convaincre de relire La Bruyère dans les Caractères publiés en 1688 : "L'on voit certains animaux farouches, des mâles et des femelles, répandus par la campagne, noirs, livides, et tout brûlés du soleil, attachés à la terre qu'ils fouillent et qu'ils remuent avec une opiniâtreté invincible : ils ont comme une voix articulée, et , quand ils se lèvent sur leurs pieds, ils montrent une face humaine ; et en effet ils sont des hommes."

N'oublions pas qu'en effet nos ancêtres jusqu'à la fin du XVIIe siècle travaillent bien souvent la terre "à bras", avec une houe. Et pour un homme de catégorie sociale supérieure, ces individus qui exposent leurs cheveux (voire leur absence de cheveux !) au lieu de porter une perruque, dont le teint, au lieu d'être fardé, trahi le déroulement des saisons (hâlé en été, livide en hiver), et qui ne couvrent pas leurs odeurs corporelles par des parfums (il ne saurait être question de se laver !) sont bien proches des animaux.

On imagine sans peine que,comme aujourd'hui dans les pays du tiers-monde, les apparences physiques des populations anciennes étaient tributaires des conditions de vie et d'alimentation. Rachitisme et pathologies chroniques fleurissaient grâce à des environnements insalubres et à une alimentation insuffisante et déséquilibrée. Dans l'île de Ré, comme ailleurs sur les côtes, grâce à la récolte des coquillages les déséquilibres alimentaires graves sont rares. Cette alimentation, frugale mais relativement riche, est encore présente au XIXe siècle :"La nourriture des habitants de l'île est à peu près uniforme et des plus frugales. Malgré les nombreuses sociétés de panification qui fournissent du pain de froment, beaucoup de familles ont conservé l'usage du pain d'orge ou mélangé, notamment à Loix, à Ars, aux Portes. Les poissons, les légumes, les oeufs et surtout les mollusques de terre et de mer forment la base de l'alimentation ; les moules, les palourdes, les huitres portugaises qui pullulent sur les côtes, les "jambes", sont pêchées chaque jour en abondance, et il se fait pendant trois mois une consommation absolument invraisemblable d'escargots récoltés dans les vignes. L'hiver ce sont les pétoncles qui sont mangés pendant la période où la pêche est autorisée. La viande de boucherie ne se consomme qu'en très petite quantité." (Source : les cahiers de la mémoire n°44)

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