Les conditions démographiques sous l'ancien régime

Rappelons d'abord la situation démographique générale. La France est alors le pays le plus peuplé d'Europe. En 1700 le royaume est un géant démographique, un européen sur quatre vit à l'intérieur des frontières actuelles. Les densités y sont très variables : le Nord, la Normandie et le bassin parisien détiennent des records avec plus de 80 habitants au kilomètre carré.

Au 18ème siècle les villes opèrent un bond démographique impressionnant, du fait d'un important exode rural.

Les cinq caractères majeurs de la démographie sous l'ancien régime en France :

- La généralité de la nuptialité :

La preuve : la faiblesse du célibat pour les hommes et les femmes ayant dépassé 50 ans (10 à 12%). Ce célibat d'ailleurs concerne des groupes sociaux limités, religieux, aristocrates ou domestiques.

- Une forte natalité.

Cette caractéristique découle bien sûr de la précédente. La natalité peut atteindre des taux records de 40 pour mille soit plus de deux fois et demie supérieure à ceux que nous connaissons actuellement.

- L'âge tardif au mariage :

En moyenne, 26-27 ans pour les hommes, 25-26 ans pour les femmes. C'est une pratique massive, qu'aucune autre société au monde, dans l'espace et dans le temps, n'a connue. Cette pratique a des conséquences directes sur la démographie : certainement plus de 30% des naissances évitées, peut être même 40 à 60% de la capacité reproductrice éliminée.

- La faiblesse des naissances illégitimes :

Avec quelques variantes selon les régions, le taux est de 0,5 à 1% dans la France rurale. Dans les villes en revanche le taux dépasse 10 %.

- Une forte mortalité :

Les taux moyens oscillent entre 30 et 38 pour mille, trois fois plus qu'aujourd'hui.

Il s'agit là de faits découlant d'une véritable culture sociale. La mère se marie vers 25 ans, soit une quinzaine d'années avant la ménopause. Elle aura 6, 8 10 enfants, mais du fait de la terrible mortalité infantile, elle en conservera souvent 4 ou 5.

L'image d'Epinal représentant la famille regroupée le soir auprès de l'âtre, rassemblant trois générations, le grand-père fumant paisiblement et la grand-mère chantonnant pour endormir l'enfant, est à revoir. Si l'ont combine l'âge tardif au mariage et une courte espérance de vie, un seul des quatre aïeux avait une chance de passer quelques temps, et encore briévement, avec le nouveau ménage. Les pyramides des âges qui ont pu être établies pour des villages montrent que les plus de soixante ans ne formaient pas plus de 5% de la population totale.

De même l'image d'une famille aux nombreux enfants bataillant, se chamaillant, emplissant le foyer d'agitation et de bruit, doit être révisée : Si l'écart moyen entre les naissances était bien de deux ans à deux ans et demi, rappelons-nous que la mort fauchait un quart des enfants avant un an et un autre quart peu après...

Au delà de ce premier cercle familial, composé des membres vivants sous le même toit, s'ouvre le second, celui de la parentèle, qui regroupe tous ceux qui partagent le même sang : enfants mariés dans le village ou dans celui d'à côté, frères et soeurs, neveux, oncles et tantes, cousins à quelque degré. Dans ce domaine, la mémoire familiale est capable de véritable exploits ; des études ont montré que la mémoire généalogique moyenne et purement orale des paysans remontait jusqu'au 5ème degré, sur plus d'un siècle. Cette mémoire était directement liée à l'interdiction canonique du mariage imposée par l'église jusqu'au 4ème degré.

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