Les gaz

"Les gaz !" Ce cri a épouvanté tous les combattants du front occidental. C'est pendant la guerre de positions, qui oblige les hommes à rester sur place, que la mort sournoise et redoutable provoquée par les gaz s'abat sur les soldats.

Les gaz sont utilisés pour la première fois par les Allemands à Ypres ; la guerre industrielle vient d'élaborer l'arme chimique et d'achever la déshumanisation des combats. Le gaz n'est pas un ennemi totalement invisible car il émet une faible fluorescence verdâtre qui en augmente la dimension terrifiante. Les soldats portent de petites lunettes rondes et fixent un linge mouillé sur leur visage. On y ajoute un tampon d'ouate imbibé d'hyposulfite de soude qui absorbe le chlore. Le masque se perfectionne et aboutit au célèbre "groin de cochon" d'une seule pièce qui donne aux combattants des allures de monstre extraterrestre.

On utilise aussi des moyens empiriques : allumer devant les tranchées de grands feux qui, en réchauffant l'atmosphère, font monter les nappes de gaz ; ou faire éclater de gros pétards pour disperser ces nuages.

Parallèlement, les gaz évoluent. Ainsi les zones de peau non protégées brûlent au contact de l'ypérite, ou "gaz moutarde". Ce produit est envoyé chez l'ennemi au moyen d'obus explosifs afin d'éviter les retours en cas de changement de direction du vent.

Les gaz vont tellement marquer les esprits que tous les soldats seront équipés de masques pendant la seconde guerre mondiale. Parmi la multitude de blessés, beaucoup sont asthmatiques, crachent leurs poumons, ne dorment plus, meurent à petit feu. Un constant rappel des horreurs de la guerre.

Source : Pierre CHAVOT et Jean-Denis MORENNE "L'ABCdaire de la Première Guerre mondiale" Flammarion 2001

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