Les monuments aux morts

Le 19ème siècle a été marqué par une approche sacralisée de la mort, comme en témoignent les obsèques des grandes figures de la nation française, comme Victor Hugo en 1885, ou les monuments érigés en France et en Allemagne au travers des monuments érigés à la gloire des soldats tombés lors des guerres entre ces deux pays.

Avec la Grande Guerre cet hommage prend une dimension supplémentaire, reflet de la ferveur civique et du sentiment patriotique.

Dés le début du conflit les champs de bataille sont jonchés de corps qu'il faut enterrer sur place. les premiers cimetières militaires apparaissent, les tombes étant plantées d'une simple croix de bois. Ces étendues occupées par des sentinelles immobiles, recouvertes de terre, rappellent aux survivants que le sacrifice fut massif, avivant ainsi leur fibre nationale.

Après l'armistice, la france, exaltée par sa victoire, tient à rendre hommage à ses fils tombés au front. A partir de 1919, une multitude de monuments portant l'épitaphe "Morts pour la France" ou d'autres inscriptions se dressent dans les communes françaises, soit quelque 36 000, auxquels il faut ajouter une multitude d'autres témoignages privés, religieux ou publics.

On fait parfois appel à de grands artistes comme Antoine Bourdelle à Montceau-les-mines. On peut aussi choisir sur catalogue... C'est un marché pour une économie mal en point ! Leur situation dans l'espace communal n'est jamais innocente: à proximité de la mairie, de l'école, de l'église, du cimetière, au milieu de la place publique. Il y a différents types de monuments mais beaucoup se ressemblent avec les mêmes symboles : obélisques et formes géométriques proches du type pyramidal ou de la colonne, signes ornementaux : Croix de guerre (décoration créée en 1915), obus reliés par des chaînes, couronne de laurier ou de feuilles de chêne (symbole ancien de la victoire et, ou de la force), palmes (symbole chrétien: Jésus accueilli à Jérusalem et les palmes d'immortalité des Rameaux), coq ("gaulois"et chrétien). Les "poilus" occupent souvent une place d'honneur.

 

Le village de La Couarde, dans l'île de Ré va ériger, par la volonté de son instituteur, un momument original, tant par le sujet traité que par les circonstances de sa mise en place.

Le village de Gentioux-Pigerolle, dans la Creuse, a fait ériger un monument en 1922. Il représente un orphelin en bronze, revêtu d'une blouse, les sabots aux pieds, le poing fermé devant la phrase gravée sous la liste de noms "Maudite soit la guerre". ce monument n'a jamais été inauguré officiellement, et il indisposera longtemps les autorités civiles et militaires, d'autant plus que le camp militaire de la Courtine est tout proche.

On retrouve cette même inscription « Que maudite soit la guerre » sur le monument aux morts en pierre d'Equeurdreville qui représente la douleur et la souffrance d'une veuve de guerre et de ses deux enfants, orphelins.

À Saint-Martin-d'Estréaux, c'est aussi à l'initiative du maire, Pierre MONOT, un pacifiste convaincu, qu'une longue inscription a été gravée au dos du monument aux morts sur lequel figure la photographie en médaillon des soldats tombés au combat : « La guerre aura-t-elle enfin provoqué assez de souffrances ou de misères, assez tué d'hommes … pour qu'à leur tour les hommes aient l'intelligence et la volonté de tuer la guerre ? … Maudits soient la guerre et ses auteurs ! »

A Riom dans le Puy-de-Dôme, a même été érigé un monument à la mémoire des fusillés de 1917.

N'oublions pas que 17 % des morts sont en fait des "disparus". De nombreux corps ont été déclarés "inconnus" tant ils étaient méconnaissables. L'incertitude est une blessure supplémentaire pour bien des familles. Pour représenter tous ces hommes, un corps est choisi à Verdun et inhumé le 11 novembre 1920 place de l'étoile à Paris. Les vainqueurs ont chacun leur "inconnu".

Le site "Mémorial genweb" a entrepris de recenser les listes des morts pour la France à partir des momuments aux morts, des différentes stèles, et des cimetières militaires. Vous pouvez participer à ce projet !

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