Le début des bagnes

Avant 1709, l'effectif de galériens dépassait 10000 hommes. La grande famine, au cours des hivers 1709 et 1710, sonna le glas des galères ; 3200 forçats moururent de privations et de froid. L'administration libéra alors plus de 2000 personnes (pour la plupart des soldats déserteurs) pour ne pas avoir à les nourrir. Une longue période de paix (de 1714 à 1740) suivi le règne belliqueux de Louis XIV. Dés 1720, la flotte des galères était réduite à 15 bâtiments devenus sans grande utilité stratégique. Leur maintien n'était justifié que par l'arrivée régulière des 500 condamnés annuels. En septembre 1748, le roi ordonna la dissolution du corps des galères qui fut intégré à la marine royale. Il fallu alors ouvrir des bagnes et des travaux forcés sédentaires.

De galériens, les condamnés devinrent bagnards, mais ils ne quittèrent pas le milieu naval. Les arsenaux manquant de bras, on les employa aux manoeuvres de force : manutentions de lourdes pièces de bois, d'ancres, de chaînes, d'espars... Pour loger les forçats à proximité de leur lieu de travail, on construisit des prisons qu'on appela bagnes. Ce terme d'origine italienne désignait dans tous le Proche-Orient les prisons d'esclaves.

Le premier bagne français fut créé à Toulon en 1748. Brest suivit en 1750. En 1768 on inaugura celui de Rochefort, puis celui du Havre, de Cherbourg, de Lorient et de Nice qui fermèrent leurs portes à la Révolution. En 1830 fut créé un véritable corps de garde-chiourme. Cette appellation venait de l'ancienne chiourme des galères dont la population des bagnes était issue.

Les nouvelles activités des forçats exigeaient quelques degrés de liberté de plus que sur un banc de galère : les bagnards, réunis deux par deux, traînaient un boulet comme le voit sur nombre d'illustrations. Malgré une discipline rigoureuse le régime n'était qu'un demi enfer vis-à-vis de celui qui régnait sur les galères. Les bagnards, au contraire des galériens, ne travaillaient jamais nus et dormaient à l'abri des intempéries. Leur ration, en amélioration constante depuis le règne de Louis XVI, comportait 900g de pain, 120g de légumes secs, 5g d'huile d'olive, soit un régime pour travailleurs de force. En décembre 1836, chaînes et boulets furent supprimés.

Des remises de peine étaient accordées à ceux qui, en prenant des risques, accomplissaient certaines tâches périlleuses. Il était d'usage, en particulier, de confier l'enlèvement de la dernière cale retenant le navire sur sa rampe de lancement à un condamné. S'il n'était pas assez rapide pour se réfugier dans le trou d'évitement, il était broyé. S'il réussissait, il était gracié.

Après bien des années de ce régime on s'avisa soudain que la présence de forçats dans les ports était de nature à corrompre les marins et les ouvriers contraints de travailler en contact avec eux. C'est ainsi que le 30 mai 1854 fut votée la loi dite de déportation qui décidait le transfert aux colonies des individus punis du travail forcé. Pour autant les bagnes métropolitains demeurèrent en activité. Toulon, dernier établissement du genre en france, ne ferma que vers 1874.

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